vendredi 24 février 2012

samedi 18 et dimanche 19 février 2012 : perdre haleine

parce qu'il a fallut
perdre haleine
ou presque
pour entrer de nouveau à l'intérieur de cet état de crise
qu'est Antigone
s'essouffler
se laisser traverser par le rire
même quand c'est grave
et, surtout
ne pas jouer grave
quand ça l'est
trouver la bonne ligne
de la voix
ni trop haut ni trop bas
ne pas penser
Trois mois depuis notre dernier voyage
et celui-là se faisait attendre particulièrement
parce qu'il promettait d'être long
plus long
savoir qu'on aura le temps
de ne pas être prêt
d'être fatigué
de se préparer
de fuir
de percer des trouées
rien à voir avec Antigone
parce que c'est ça aussi l'important
rester libre
d'y entrer
d'en sortir
à condition d'y être entré, vraiment, avec son corps entier qui cherche, l'esprit embrumé d'Antigone, Antigone, Antigone
Deux journées dans la chaleur d'une salle chauffée
mais courir tout de même
et
trouver
certains moments
la justesse
prendre espoir
reprendre espoir
oui on y arrivera
on y arriverait
à condition de se voir encore et longtemps
pour toucher une bonne fois pour toutes ce que l'on a envie d'y mettre, d'y fourrer
que ce soit intact, pur, libre

Camille,
 passant par des instants fragiles,
ses grands yeux ouverts qui écoutent
 et semblent dire que c'est difficile
oui, ça l'est
difficile
et pourtant
beau moment que celui où, 24 heures après avoir fait du sur-place, elle a trouvé sa Nourrice
que c'était beau oui, pour moi, pour vous, de la voir émerger là, on le sait, Ta nourrice Camille
et qu'il est bon de la voir vivre dans Son corps à Toi cette petite bonne femme qui ne comprend pas tout de suite que son Antigone est déjà si loin, tout à coup loin, loin, loin

Penser à ce comédien du Théâtre du Soleil, tout à coup explosant, explorant comme il ne l'avait encore jamais fait, un bout de son personnage, dire ensuite, les larmes aux yeux : "tout est dans l'autre". Et d'entendre Ariane Mnouchkine, pour moi la plus immense des petites femmes metteur en scène au monde,  les larmes aux yeux aussi, dire : "répète ça, répète le plus haut et plus fort, mets toi debout et répète":

alors le comédien se met debout et dit, haut et fort, avec les larmes :

"TOUT EST DANS L'AUTRE"

 Camille a trouvé sa nourrice parce qu'elle a puisé en elle. Profondément.
Et parce qu'en face d'elle, près d'elle, aussi, toujours, il y a Amélie.

l'Antigone d'Amélie face à laquelle Camille a trouvé sa Nourrice
et comme oui "tout est dans l'autre"
il y a Amélie, et son Antigone, tellement cherchée il y a 3 mois,
aujourd'hui rayonnante
 enfant
fragile et forte tout à la fois
elle semble pouvoir tomber à la première brise
mais elle semble une forteresse


et que face à Camille, Amélie a trouvé, aussi, son Antigone,
alors, une fois ce passage là amorcé, plus qu'amorcé
j'ai vu une Amélie rayonner d'avoir pu trouver une profondeur en plus à Antigone grâce à la Nourrice de Camille
j'ai vu une Camille avec des grands yeux surpris peut être encore d'en être arrivée là, si vite, peut être



Poursuivre
trouver en soi
à deux
un truc 
sans mots
Norig
Zuvli Rromani

trouver en soi 
la petite enfant
l'étreinte qui protège
le désespoir 
les corps qui se serrent
parce qu'il n'y a rien d'autre
que ça
un truc en soi
lourd
et douloureux
un truc qui a à voir
avec la mort
parce qu'Antigone
c'est là qu'elle va
vivre devant vous, des moments de pure beauté
où seul le silence pouvait nous manger
Vincent et moi
à recevoir là
ce que vos Antigone
ce que vos Nourrice
offraient
et qui faisaient tellement mal
et qui touchaient par instants 
à quelque chose de profondément vrai, 
et juste


Enfin découvrir Emiri, toi qui tout doucement étais entrée en octobre.
Redécouvrir, sans étonnement, la justesse du ton et de la voix, fragile et sûre, claire.
Un corps, une voix, une ligne qui vont si bien à Ismène, la belle, la raisonnée.
L'écouter avoir "tout bien pensé" en imaginant la traversée de Thèbes vers l’échafaud et l'y voir, sans peine, elle et sa soeur Antigone, les imaginer, au milieu de la foule et des hurlements, fragiles, fragiles, fragiles

Emiri et sa fragilité.
Emiri et sa force.
La fragilité comme une force.
Ce truc dans la voix et dans l'élégance du corps qui n'en fait pas trop, s'essaie, esquisse, délicat, oui, c'est le mot ... délicat.

 "tout est dans l'autre" 
oui
et d'Emiri à Anne-Sophie, ne même pas penser ni réfléchir 
puisque ça coule de source
et d'évidence
que de l'une à l'autre
elles SONT.
Ismène
Antigone


Ne rien dire, ou presque, à Anne-Sophie
parce qu'elle est Antigone
le feu 
la glace
elle virevolte
elle s'effondre
elle est entière, sans miroir ni fard
nourrie des mots
des mots qui passent 
dans le corps
dans le ventre
la traversent



tant qu'il est difficile, tellement pour Vincent de savoir comment s'y prendre
et c'est peut être là qu'il faut chercher, Vincent, 
ne pas savoir s'y prendre
avec Antigone
qui virevolte
ou s'effondre
étreint 
puis se glace
alors, d'être Hémon, avec si peu de mots
non ce n'est pas facile
c'est même assez casse-gueule
mais c'est dans l’essoufflement moi, nous, que nous l'avons vu se dessiner ton fiancé d'Antigone
dans le rire et le rayonnement du visage, ouvert, qui ne pense à rien de dur ni de compliqué
simple






et les moments où il était le plus beau
ton personnage, Vincent,
c'est dans l'attention
l'écoute
le regard posé sur Antigone
 jeune homme attendri et paumé
un jeune type qui aime
cette petite fille
cette gosse
 hors monde

 pouvoir à ce point entendre, écouter, voir, regarder, protéger
c'est ça qu'il faut pour Hémon



il faut à présent penser à
continuer
avancer
poursuivre
trouver Créon
un Créon ou plusieurs Créon
et d'autres Antigone
et continuer et
 oser se dire que,
oui,
 "tout vient de l'autre" ...











mardi 25 octobre 2011

mardi 25 octobre 2011 : retourS vers l'histoire

se retrouver après deux très longs mois
mais avoir tant attendu ça que de s'y mettre dans l'instant, sans perdre de temps, n'a pas été difficile

les aimer tant, eux, mes 5 à moi ce soir
mais chuuut

les remettre sur le fil de l'histoire d'Antigone
avec en fond sonore
la musique de Stamatis Spanoudakis
 lâcher prise et
encore assommés,
les amener vers Elle

la regarder marcher pieds nus, dehors, au milieu de la nuit
que penser d'elle ?
comment l'aimer elle ?
exister avec elle ? pour elle ? contre elle? malgré elle ?

être comme sa mère
être sa soeur
être l'homme qui l'aime, qu'elle aime

écouter à nous 6 la rumeur de l'histoire
se souvenir des belles choses d'août ... et ressentir la musique comme un voyage, visage souriant et ouvert, tellement ouvert d'Hémon
Vincent
renouer sans peine avec son Antigone, la voir passer du sombre au rayonnement
Anne-Sophie
approcher avec simplicité sa Nourrice, se poser des questions, oui, mais finalement, sembler la comprendre
Camille
parler de détermination et ... d'amour, d'amour, de tellement d'amour
Amélie
commencer à/ imaginer / se sentir un peu vide / mais être là / approcher doucement mais sûrement
Emiri

et puis choper le texte dans une main et le balancer comme on peut
fragile
mais c'est pas grave
c'est aussi ça, commencer à travailler, à entrer dans, sentir de l'intérieur et prendre le temps ... que ça prenne, que ça monte comme une évidence
alors on laisse un temps de côté et la prochaine fois, j'en suis certaine, sera la bonne
Amélie ... Camille ...

passer à une autre scène
découvrir
à la lecture déjà être juste
ni au dessus, ni en deça
être juste
avec cette voix à la beauté pure
Emiri
en énième rencontre avec son évidente partenaire
Anne Sophie
à la ville à la scène, cela semble , oui, comme une évidente simplicité
ce luxe incroyable que d'être si bien en scène avec une personne, pudeur, confiance, oui ... évidence
alors ça coule de source et c'est bon de vous entendre toutes deux vous répondre, vous regarder, vous opposer
tellement ouvertes à ce que je vous demande
tellement profondément là, engagées, oui, engagées

à voir s'approcher la fin ...déjà,
mais trouver le vrai temps de revoir Hémon
entre madeleines et fous rire, mince, la pudeur nous fait défaut et difficile soudain de faire dire à deux corps, deux visages qu'ils s'aiment d'amour fort
ne pas se décourager
ces instants là qui forment remparts, vous avez de quoi les rendre plus malléables
bientôt, Anne Sophie, Vincent, vous en serez les maîtres et vous saurez travailler de cette pudeur comme vous le faites déjà certains moments, pour arriver là où vous voulez aller, car c'est ça l'important : tous deux savez où vous voulez aller, vers quoi tendent ces deux là, d'Hémon et d'Antigone, et vous savez reconnaître le juste du faux alors ... alors ... vous avez tout ce qu'il faut, et je suis là ...

Enfin, vous laisser ce soir avec cette Antigone de papier ...



samedi 6 août 2011

Vendredi 5 août : où la fin de la résidence promet d'évidents lendemains

Trois soirs qui sont allés crescendo, même si je pouvais imaginer, de vous à moi, le meilleur, il arrive que, parfois, certains moments glissent un peu vers le bas pour mieux remonter ensuite
non
nous n'avions que trois petits soirs,
mais aussi trois longues soirées
et elles sont allées crescendo

dernier soir donc
faire le vide d'abord, en écoutant,
autour de la yourte
le vent
danser les feuilles sur le bitume

vous faire le personnage du Prologue
vous raconter l'histoire d'Antigone

vous écouter
elle en Nourrice
lui en Ismène
elle en Antigone

vous refiler les débuts de Sophocle
dans la traduction mise en scène il y a quelques semaines à Avignon
par Wajdi Mouawad (ce nom forcément qui a sonné entre vous comme un jeu !)

se gaver des divins cookies de V.
se griller au camping-gaz les marshmallows d'A.S
puis,

 en linges de coton blanc trouvés ça et là
 danser sur Ionatos



et travailler
Hémon
lui trouver sa belle légèreté
ne pas trop chercher
en baver un peu, mais c'est pas grave
c'est que ça travaille, ou que ça détravaille le cerveau, le corps

et travailler
Antigone
lui défaire un peu de sa gravité
se défaire du lyrisme, de l'emphase
comme baisser d'un ton


A. et moi échangions des regards qui disaient que le chemin pris par V., oui, commençait tout juste d'être le bon quand Hémon a commencé de surgir, par petites bribes,

A. et moi avons assisté à l'éclosion de l'Antigone d'A.S
c'était juste pur, c'était juste ça
c'était profondément beau, profondément beau , profondément ...

et puis
c'était l'heure de
 repartir,
gaiement,
comme une bande de voleurs ...



une bande qui n'a pas fini, c'est sûr, de comploter  !

jeudi 4 août 2011

Jeudi 4 août 2011 : mise en mots

où, en quelques minutes et quelques pas, à peine, la magie s'amène, l'air de rien, et que je crois en mesurer la chance, et que je sais à quel point vous en mesurez, vous quatre, avec simplicité, la chance.
Ne jamais être sûre, c'est aussi cet état-là, de funambule, qui est bon.
N'être sûre de rien sauf de l'élégance des esprits qui sont là, présents sous l'espace de la yourte, élégance qui sonne comme une promesse, toujours, d'instants uniques.
On est là, dans notre bulle de yourte, à chercher du sens, à tenter de dire le sens, de défroisser des bribes , pour commencer.
C'est un peu fou,
c'est carrément essentiel.
Il faut
chercher en soi
creuser
toucher juste
chercher l'épure
ne pas trop chercher peut être ...
et regarder ça, ensemble, sur un drap accroché aux treillis de la yourte :

extrait de Café Müller, de Pina Bausch 


puis écouter vos mises en mots, à vous, vous trois seulement, puisque notre C. n'a pu être là ce soir ...


"Intimité                                 confort
                                                               confiance en chacun                                    amitié                     continuer
 jouer
 tourner
merci"
       V.



"Mon esprit était clair grâce à notre séance d'hier soir. Antigone le personnage était resté dans un coin de ma tête, aussi, me fallait-il y penser, et celui-ci surgissait.
Ce personnage est entier et permet, m'a permis, non pas de penser à des attitudes, mais d'évacuer les mauvaises ondes. Je me suis retrouvée dans une bulle, c'était comme si ce qui m'entourait devenait infini.
Le théâtre. Les paroles, les sensations, l'expérience et le ressenti, le rôle et que celui-ci nous envahisse, nous habite.
Car au fond que l'on se retrouve ou non dans un personnage, le premier état est que l'on se cherche.
Le théâtre n'est pas une histoire. Le début est redoutable, par le fait que c'est un art complexe parfois un don, puis les péripéties avec les répliques, les défis personnels, et les rencontres aussi humaines que celles imaginées avec les personnages.
Mais une fois un pas fait dans le théâtre, le talon ne peut faire demi-tour. Qu'on soit convié à être ou non le protagoniste d'une pièce, nul individu ne pourra arrêter ce que le théâtre donne.
Non, ce n'est pas une histoire, c'est un chemin.
Avec des indications, des barrières et des guides.
Les averses de joie, les fondus de larmes.
C'est un chemin qui mène toujours un peu plus à prendre conscience de ce qu'est l'existence de chacun, en passant par une scène qui ne l'oublions pas n'est qu'à une marche de la réalité."
A.S

"en venant ici, je me demandais ce qu'on allait faire. Quand j'ai appris le projet de Céline, celui de travailler Antigone, je me suis dit : "Oh non ! Pas ça ! (A. a de mauvais souvenirs de ce texte tellement décortiqué en classe de collège !)
En même temps, je me suis rappelée le plaisir que j'avais eu à lire cette pièce. J'avais tout de suite apprécié le personnage d'Antigone, je voulais jouer cette jeune femme qui me ressemble par certains aspects.
J'aimais ceux qu'elle aimait, je vivais ce qu'elle vivait. Je comprenais ses sentiments, ses émotions. Parler ensemble de cette pièce m'a fait voir qu'on pouvait trouver une nouvelle approche, sans parler d'obligation ni de labeur, mais de plaisir.
C'est très fort de partager ces moments, très important pour moi, avec un petit groupe d'amis pendant des instants de convivialité, de réflexion, de joie. C'est une sensation de bien-être, de redécouverte également. Antigone est belle, en toute simplicité, malgré sa peur de la mort, le courage est sa force et sa plus grande beauté !"
A.

Mercredi 3 août 2011 : où commence la résidence d'été

Se retrouver, d'abord.



Et puis plonger, très vite
Cinq visages on est
à zieuter, faire danser les mots d'Anouilh




c'est parti, je crois, vraiment, pour Antigone !